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C’est (pas) juste de la télé

31 août 2023 - Juliette Lavalée

Un simple divertissement, la télévision? Ce média a aussi le pouvoir d’éduquer et de contribuer à de réels changements sociaux. Juliette Lavallée, doctorante à l’UQAM en études télévisuelles, nous fait sa critique. Sortez le popcorn!

OD
Quand ton homosexualité est une twist

Depuis 2003, cette téléréalité québécoise nous permet d’observer des célibataires interagir, cohabiter, voyager… et se frencher sur le bord de la piscine! En écoutant OD, on a souvent l’impression de ne pas trop faire travailler notre cerveau. Et pourtant…

J’allume : L’équipe de production fait des efforts notables pour présenter des candidatures diversifiées. Pensons notamment à Ally Imbeault, la deuxième candidate trans après Khate Lessard, ou à Walide Aouadi, né d’une famille marocaine, qui ont participé à l’édition 2022.

Je zappe : Le concept reste néanmoins très hétéronormatif. Après tout, le but est de former un couple entre un homme et une femme! La communauté LGBTQ+ est souvent écartée de ce type de téléréalité. Un couple homosexuel a été formé en 2020 entre deux candidates, Marjorie et Cintia. Sans surprise, ces dernières furent rapidement éliminées. Pire, elles ont été rabaissées.

«Leur relation est aussi fake que leur poitrine.»

Si on entend ce genre de propos sexistes et homophobes à la télévision, c’est que la production a choisi cet extrait parmi des milliers d’heures d’enregistrement. Au lieu d’aider la cause, la téléréalité marginalise ainsi les couples homosexuels et les femmes. #échec

Netflix

Sex Education
Sexologue à 16 ans

J’allume : Bienvenue dans l’univers du jeune Otis Milburn, fils d’une célèbre sexologue, mais incapable de se masturber. Malgré ses blocages, l’étudiant démarre une clinique de sexualité clandestine à son collège.

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«Hé Adam, je ne sais pas si t’es au courant, mais l’homophobie, ça fait vraiment 2008.»

Le personnage d’Eric a une identité particulièrement complexe. Il est homosexuel, il alterne entre une apparence féminine et masculine et il vient d’une famille nigériane-ghanéenne très religieuse et issue de la classe ouvrière. Pas banal!

La Dérape
Je ne suis pas comme les autres filles

Après dix ans aux États-Unis, Julia revient au Québec. En pleine tragédie familiale, la jeune fille se lance corps et âme dans la course de karting. Un passe-temps anodin, quoi!

J’allume : Julia est un personnage féminin fort et téméraire. Elle pulvérise les stéréotypes de genre, notamment par ses intérêts typiquement masculins. Et hop, une étoile pour cette représentation atypique des genres!

Je zappe : Bien que la course soit importante pour Julia, les garçons restent un centre d’intérêt tout aussi fondamental. Un peu plus convenu! Ce type de compromis est souvent utilisé à la télévision pour que le public accepte mieux un personnage différent.

«T’sais, s’faire clencher par une fille, c’est pas pire humiliant.»

L’identité de Julia ne devrait pas graviter uniquement autour du fait qu’elle est une femme, mais également autour de sa personnalité, de ses intérêts. Même chose lorsqu’on présente des personnages issus de la diversité : il faut éviter de les limiter à leur identité marginalisée.

Féminin pluriel

Représenter le genre féminin, c’est bien. S’assurer de le présenter sous toutes ses formes, c’est encore mieux! On évite ainsi d’invisibiliser des identités marginalisées comme les femmes noires ou en situation de handicap.

J’allume : La série Euphoria accorde une grande place au personnage de Rue Bennett, une adolescente noire, queer et toxicomane qui n’arrive pas à se remettre de la mort de son père. Rue prend sa vie en main et évolue au fil des saisons. On aime!

J’allume : Sophie, une adolescente noire dans la série Lou et Sophie, tente de trouver sa place après avoir terminé l’école secondaire. Son identité ethnoculturelle, sans être stéréotypée, n’est pas effacée de l’histoire. Un personnage bien construit… et attachant!

Je zappe : La série Les aventures effrayantes de Sabrina est reconnue pour ses personnages féminins hors du commun. Malheureusement, plusieurs sont relégués au second plan et manquent d’agentivité, c’est-à-dire qu’ils ont peu d’impact dans l’histoire. Oui, le racisme et l’homophobie sont abordés, mais l’approche est maladroite. En clair, la magie n’opère pas!

LA TÉLÉ N’EST PAS LE REFLET PARFAIT DE LA SOCIÉTÉ

La télévision est une construction. Derrière l’écran, quelqu’un a choisi de vous présenter cette vision subjective du monde. Vous avez donc le droit (et le devoir!) de questionner ces différentes représentations. La prochaine fois que vous aurez envie d’écouter OD en paix, dites à vos parents que oui, ça peut VRAIMENT être éducatif!

Votre grille d’analyse pour vos prochains visionnements!

  • Y a-t-il des personnages issus de la diversité : culturelle, sexuelle, corporelle, ethnique, de classe sociale ou de croyance?
  • Ces représentations donnent-elles une perception positive de ces groupes?
  • Les personnages issus de la diversité vous semblent-ils stéréotypés?
  • Sont-ils secondaires à l’histoire?
  • Vous sentez-vous représenté.e par la série?

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Une réponse à “C’est (pas) juste de la télé”

  1. France dit:

    L’article de Juliette Lavalée est enrichissant, et sa grille d’analyse, qu’elle nous propose, développera certainement l’esprit critique nécessaire à l’évolution positive des mentalités! Merci 🙂